La seule condamnation pour violences durant une manifestation à Nantes en février 2014, en l’absence de tout autre élément, ne peut justifier légalement une interdiction de séjour en juillet 2016 les jours de manifestations à Rennes.
En se fondant sur les dispositions du 3° de l’article 5 de la loi du 3 avril 1955 permettant au préfet, durant l'état d'urgence d'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics, le préfet d’Ille-et-Vilaine a interdit le séjour de M. S en centre-ville de Rennes et sur l’itinéraire des manifestations, les journées de manifestations contre la loi dite El Khomri et contre les « violences policières », en raison du comportement violent de l’intéressé et du risque de trouble à l’ordre public en résultant. Cette mesure prenait effet fin juin pour s’achever le 25 juillet 2016.
Cette seule condamnation remontant à 2014, alors que le préfet ne produit aucun élément permettant de retenir que M. S a personnellement participé aux dégradations et violences survenues durant les manifestations rennaises de 2016 ne permet pas d’établir que l’intéressé, même s’il indique avoir manifesté et participé à des actions de soutien à des militants d’extrême gauche, pourrait entraver l’action des pouvoirs publics. Dans ces conditions, le préfet d’Ille-et-Vilaine a pris une mesure excessive et disproportionnée au regard des pouvoirs qui lui sont donnés par la loi du 3 avril 1955.