Présentation du bâtiment : l'hôtel de Bizien
En 1696, Guy THÉBAULT, greffier au présidial de RENNES, s'associa à Jean LE CAS, architecte, pour acquérir la bande de terrain allant de son hôtel à l'angle de la rue des Fossés jusqu'au boulevard de la Porte Saint-Georges. Jean LE CAS conserva la partie sud qu'il céda à sa fille, épouse de François GERBIER de VAULOGE, architecte qui envisagea de construire en cet endroit « une maison considérable ». Les travaux commencèrent en 1702. Le rez-de-chaussée et l'étage abritaient en location, dès 1703, deux nobles parlementaires pour leur résidence à RENNES.
En 1715, l'hôtel achevé fut vendu à Thomas de ROBIEN, président au Parlement de Bretagne. Après avoir appartenu ensuite à la famille de LANGLE-BEAUMANOIR, l'hôtel fut acheté en 1776 par le comte de PIRE avant d'être saisi pendant la Révolution.
En 1811, le général comte Henry de LABORDE acquit l'hôtel avant de le vendre en 1822 à Edouard-Joseph AUBRY, fils d'un entrepreneur de transports rennais. Ces deux derniers propriétaires mirent la demeure en location.
En 1824, craignant une annulation rétroactive des ventes de biens nationaux par la réaction légitimiste de Charles X, E. J. AUBRY procéda à une vente fictive de l'hôtel à Hyppolyte-Marie Guillaume de ROSNYVINEN, comte de PIRE, alors lieutenant général des armées du Roi, et fils du propriétaire de l'hôtel saisi durant la Révolution. Le véritable acquéreur en était Louis-René-Marie du PLESSIX de GRENEDAN, inspecteur des gardes nationales du département, qui s'y installa en 1825 et y entreprit de 1826 à 1830 des travaux considérables, notamment d'aménagement d'une terrasse en bordure du Contour de la Motte, en partie sud de la demeure. L'hôtel fut de nouveau loué en 1834, après les décès de son propriétaire et de son épouse.
En 1866, l'hôtel fut vendu par l'héritière des du PLESSIX de GRENEDAN au comte et à la comtesse HUCHET de QUENETAIN qui le louèrent à l'État, à la recherche de locaux prestigieux pour héberger ses grands commis, qui y installa le quartier général de la 16ème division militaire.
Après avoir déjà vendu la pointe sud du jardin, les HUCHET de QUENETAIN, en 1876, vendirent l'hôtel à la famille de BIZIEN du LEZARD qui procéda à des enjolivements de la façade : le toit en pavillon rapporté semé d'épis de faîtage, le fronton plein cintre, la cartouche héraldique et l'urne de la lucarne centrale, les mufles de lion et les chutes de fleurs et de fruits disposés entre les fenêtres du premier étage. Après la séparation de l'église et de l'État, en 1905, ses propriétaires mirent l'hôtel à la disposition de l'archevêque. En 1927, l'Association Diocésaine acheta l'hôtel qui devint le siège de l'archevêché de Bretagne.
Avant 1939, l'immeuble fut agrandi par la construction de bureaux sur l'ancienne terrasse en bordure du contour de la Motte. Les armes de l'archevêché constituées du chapeau de cardinal flanqué de la crosse et de la double croix épiscopales furent incrustées dans le fronton cintré au-dessus du porche donnant accès au jardin intérieur.
En 1982, l'hôtel fut vendu au Conseil Régional de Bretagne avant d'être acquis en 1996 par le Conseil d'État pour y accueillir le Tribunal administratif de RENNES à compter du 1er janvier 1997.
Ces informations historiques et architecturales sont le fruit du travail de Jean-Jacques RIOULT, conservateur de l'Inventaire Général, publié dans le bulletin de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine dans son tome XC (1988).